DSK ou Ségolène, une question de programme ?

Publié le par Réformisme et rénovation

Salut à tous,

je trouve intéressante cette effervescence autour du choix du candidat à
la présidentielle, cependant je me demande si les enjeux sont vraiment
ce que l'on dit.
Tous les candidats socialistes qui ont été élu depuis que des candidats
socialistes parviennent à être élus ont toujours fini par adopter une
politique plus réaliste que leur discours électoral. Au fond, même un
Fabius appliquerait sans doute une politique réformiste modérée s'il
était élu. La question, à mon avis, c'est justement ce mensonge. C'est
lui qui coupe l'électorat des élus, lui qui rend la politique illisible
et imprévisible, lui qui fait planer un doute sur l'honnêteté des
propositions. La confiance est un élément fondamental dans la mise en
oeuvre de toute politique économique (ou autre), car une politique
nouvelle crée des gagnants et des perdants. Pour rendre l'action
possible, il faut que les décideurs convainquent les perdants qu'ils
seront compensés pour leur sacrifice, de telle sorte que la société dans
son ensemble y gagne.
La faiblesse actuelle de DSK tient justement à sa posture gauchiste des
derniers mois, qui lui a fait beaucoup de tort, car elle n'était pas
crédible. Mais plus généralement, DSK peut ne pas inspirer confiance,
car il a effectivement un côté dilettante, il ne "transpire pas" la
droiture , et ses propositions sonnent
parfois électoralistes alors qu'il se présente comme le candidat de la
compétence.
Face à cela, le principal mérite de Mme Royal, c'est d'avoir su assainir
le débat, en levant des tabous, en se démarquant des jeux d'appareil, et
en incarnant à mon avis très bien ce qu'est la France d'aujourd'hui : un
mélange subtil de conservatisme et d'idéaux progressistes,
d'interventionnisme politique et de laisser-faire, d'élitisme
républicano-jacobin et de décentralisation libéralo-girondine. Elle est
à mon avis la candidate la plus fine sur le plan de l'analyse
sociologique, tous partis confondus. Et rien que pour ça, elle fait
respirer la démocratie, même s'il y a loin du diagnostic à la production
d'un remède efficace.
Mme Royal représenterait brillamment la France à l'étranger si elle
était élue, je crois que c'est une idée assez consensuelle. M.
Strauss-Kahn correspond-il aussi bien à l'image que la France se fait
d'elle-même ? Je crains que ce ne soit pas le cas. Dans un article que
lui a consacré Le Monde, l'auteur racontait les états d'âme qui avaient
entouré sa décision d'être candidat. Je pense qu'il a conscience que son
mode de vie, sa vision du monde, et son appartenance à une minorité lui
aliènent une partie de l'électorat. Ce n'est pas une raison pour ne pas
voter pour lui, bien entendu, mais je pense que c'est un désavantage
pour lui dans la course à l'Elysée, face notamment à un Sarkozy qui
semble prêt à se draper dans les valeurs traditionnelles françaises
quand ça l'arrange - il est assez drôle de l'entendre se décrire comme
un pauvre fils d'immigré, alors que l'histoire est évidemment plus complexe.
Enfin, et surtout, Mme Royal a un atout absolument incontournable. Elle
incarne vraiment, elle, une rupture. Non pas sur le plan du programme,
on peut juger ce que veut là-dessus. Mais dans les faits : le fait
d'être une femme, bien entendu ; le fait de sortir de nulle part et de
se présenter comme une élue régionale, sans passer par la "voie royale"
(quelle ironie). Certes, elle est énarque. En même temps elle n'a pas
l'assurance arrogante de ses condisciples. Ses équipes ont l'air formé
de gens de divers horizons, y compris quelques autodidactes. Mme Royal
paraît à bien des égards la candidate du pluralisme, par opposition à
toutes les candidatures d'appareils.
Je suis donc assez séduit par le concept d'un "ticket" Royal-DSK, mais
dans cet ordre, précisément. Mme Royal, qui incarne la France à mon avis
mieux que n'importe quel dirigeant depuis Vercingétorix, a l'étoffe pour
devenir la première présidente de notre République. M. Strauss-Kahn
ferait merveille comme premier ministre, sous l'égide d'une Ségolène
Royal stricte sur les valeurs éthiques. Je crois qu'à l'heure actuelle,
le pays ne pourrait rêver mieux.
D'ailleurs en écrivant cela je ressens comme une bouffée d'optimisme...
Cordialement,

LPhC.
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A
Le social au service de l'économie?<br /> Ou l'économie au service du social?
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R
Non il ne s'agit pas d'un socialisme de droite... Il s'agit d'un socialisme ancré dans la réalité, qui rénove son discours et ses pratiques, et renonce au symbolisme désuet comme marqueur de gauche. Nous préférrons la vérité et l'action, progrès et justice...Mais les objectifs sont de gauche.Au dela nous sommes plutôt décentralisateur, européen, sensible à l'environnement et à la laïcité...
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A
En fait vous pronez un socialisme de droite, c'est ça?<br />  <br /> Je cherche à comprendre...
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